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Déficients visuels : échographie 3D pour "voir"
son bébé Toucher son futur bébé à défaut de pouvoir le voir, tel est l'objectif
de l'échographie en 3D. Après avoir conquis le Brésil en 2015, cette technique
en relief débarque en France pour le plus grand bonheur des parents déficients
visuels.
14 août 2019 ? Par Cassandre Rogeret / Handicap.fr Thèmes
:
Malvoyance
Médecine
Santé
Voir la vidéo Échographie Haptique (3D), Pr Levaillant et
Nicot Jennifer touche son bébé du bout des doigts. Il n'est pas encore né mais
elle sait déjà, plus ou moins, à quoi il va ressembler. Les yeux de papa, la
bouche de maman... Elle effleure chaque centimètre carré de son visage grâce à
une échographie 3D tactile. Une expérience inédite pour cette future maman
malvoyante qui devait jusqu'alors se contenter d'imaginer les traits de celui
qui grandit en elle. Cette technique « sensationnelle » a été initiée par le Dr
Levaillant, gynécologue-obstétricien et pionnier de l'échographie 3D, et Romain
Nicot, chirurgien maxillo-facial, spécialiste de l'impression 3D. L'objectif :
inclure « totalement » les futurs parents déficients
visuels dans le protocole médical prénatal et leur permettre de « voir »,
enfin, leur enfant à naître.
Un examen chargé en émotions
L'échographie, un moment clé de la parentalité, est à la
fois source de bonheur et d'appréhension. « Lors de la grossesse, les
représentations fantasmatiques et les projections parentales sont mises en
oeuvre, explique Fabienne Nelson, psychologue clinicienne spécialisée dans le
handicap visuel et l'accompagnement à la parentalité. Les parents engagent un
travail intrapsychique leur permettant d'investir progressivement leur futur
enfant. L'échographie donne un caractère concret à cette grossesse (...) et
représente, à ce titre, une étape fondamentale. » Au-delà de l'aspect clinique,
cet examen a une dimension émotionnelle considérable puisqu'elle symbolise la
première rencontre entre les futurs parents et leur bébé. Sauf pour 1,3
milliard de personnes à travers le monde… Freins, frustrations et
dépendance « Il est en bonne santé, vous pouvez écouter son coeur. Pour le
reste, on vous racontera ! ». C'est à peu de choses près ce que peuvent
entendre celles qui sont touchées par une déficience visuelle, lors de cette
consultation. « En effet, trop peu de professionnels de la périnatalité
disposent d'outils destinés à accompagner ces futurs parents en situation de
handicap, en particulier en cas de déficience sensorielle », déplore Sébastien
Joachim, président du SJKB, association de lutte contre la cécité. « Bon nombre
d'entre eux déplorent ce vide médical/clinique », constate Fabienne Nelson.
Lors d'une grossesse, le fossé qui sépare les femmes non-voyantes des « valides
» se creuse encore un peu plus... Naissent alors des frustrations et des freins
au « processus psychologique d'assimilation du statut de mère et de
représentation de l'enfant », ainsi qu'une dépendance à la description orale
des médecins.
Expérience similaire
Pour changer la donne, des spécialistes se mobilisent,
depuis plusieurs années, pour mettre au point des techniques médicales
innovantes et inclusives. En 2015, Tatiana, une jeune brésilienne aveugle depuis
l'âge de 17 ans, avait déjà pu appréhender, par le toucher, la silhouette de
son futur bébé, alors qu'elle était enceinte de 5 mois (article en lien
ci-dessous). Le moulage portait également l'inscription en braille « Je suis
ton fils ». Quatre ans plus tard, cette technique « expressive », réalisée à
partir d'acquisition volumique 3D, arrive, enfin, en France. Les parents
déficients visuels peuvent alors découvrir le foetus à 12 semaines, puis son
visage à 22 et à 32 semaines. Cette « formidable avancée donne accès à une
représentation mentale passant par le sensoriel au même titre que des parents
'ordinaires', favorisant considérablement leur autonomie dans leur rencontre
avec bébé », estiment les Dr Levaillant et Nicot.
Vers une généralisation ?
Selon eux, la généralisation de ce procédé permettrait «
l'amorce d'un réel accompagnement spécifique relayé par des services
spécialisés » dans un premier temps. Ils envisagent ensuite de la proposer aux
services d'échographie « ordinaires ». Mais, pour l'heure, cette option a un
surcoût de 20 à 30 euros.
Afin de le réduire au maximum, les deux médecins prônent
une fabrication à partir d'une « échographie de suivi classique », au lieu de
l'IRM (Imagerie par résonance magnétique), utilisée lors de l'expérience brésilienne.
L'idéal étant que l'écho 3D haptique devienne accessible à tous et soit
intégrée à l'examen échographique médical d'une femme enceinte. « La machine
que j'utilise, un échographe General Electric E10 BT19, sort directement le
fichier en format à imprimer, ce qui en fait un outil du quotidien », précise
le Dr Levaillant.
Pour Sébastien Joachim, ça « crève les yeux », « Jennifer
et son futur bébé sont tous deux porteurs d'un merveilleux message. Du bout des
doigts, elle caresse l'espoir d'un futur plus inclusif... » Le Dr Levaillant,
qui officie à Créteil (94), précise que les rendez-vous seront ouverts à
compter du 15 septembre 2019. La demande doit être faite par mail au préalable
( jean-marc.levaillant@orange.fr
) en précisant la date du début de grossesse.
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"Tous droits de reproduction et de représentation
réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret,
journaliste Handicap.fr"
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